Préambule

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    Tamendawt
    Maître des clés

    La Kabylie a de tous temps affectionné la vie, la liberté et la solidarité. Ces trois fondements philosophiques ont participé à la structuration de sa culture d’égalité, de laïcité et d’éternel attachement à son indépendance. Ce sont ces valeurs qui ont forgé sa forte personnalité et fondé son contrat social, sa démocratie et sa cohésion nationale.

    En plus de l’humain, la nature n’est pas négligée ; les Kabyles veillent scrupuleusement sur sa protection et se font, à titre d’exemple, un devoir lors des cueillettes et des récoltes saisonnières, de laisser leur part aux oiseaux, insectes et autres animaux.

    Amazighe et Nord-Africaine, elle a toujours un socle linguistique qui fraternise avec son environnement géographique et témoigne de son attachement à sa langue ancestrale : Le kabyle.

    Méditerranéenne, elle a donné autant qu’elle en a emprunté à une culture judéo-gréco-romaine et nombre de ses contes et légendes recoupent encore son héritage culturel et cultuel.

    Le brassage punique à Carthage qui, pourtant, avait duré pas moins de sept siècles, le souffle vandale au Ve siècle et les guerres byzantines au VIe siècle, n’ont pas altéré la société kabyle.

    La Kabylie a accueilli toutes les croyances qui, de Babylone à l’Atlantique, de l’Afrique subsaharienne à l’Europe, étaient parvenues jusqu’à elle. Elle les a acclimatées, pacifiées et demeure loin des tumultes et des guerres de religions. Fondamentalement laïque, elle est à la fois animiste, païenne, polythéiste, juive, chrétienne, musulmane, athée et agnostique. Elle est tolérante envers toutes les religions et respectueuse de tous les cultes sans en privilégier un au détriment des autres, d’où la persistance jusqu’à nos jours de son serment : JMAΣ LIMAN (au nom de toutes les croyances).

    Rebelle à toute autorité qui n’émane de sa propre volonté, elle a la fougue et la vaillance d’un Jugurtha et la sagesse et l’esprit de responsabilité d’un Massinissa. De Dihya, connue sous le nom de Kahina, et de Fadma n Summer, elle garde le respect et la déférence dus aux femmes, notamment dans la conduite de la guerre contre les envahisseurs.

    La Kabylie s’est organisée, depuis la nuit des temps, en confédérations comme l’attestent d’éminents historiens dès le IVe Siècle de l’ère chrétienne. Grâce à son organisation socio-politique basée sur une solidarité hiérarchisée, son relief escarpé, la Kabylie avait protégé son indépendance et son unité loin des invasions successives sur l’Afrique du Nord. Ni Rome, ni les hordes vandales et hilaliennes, ni les janissaires n’avaient pu la soumettre ou l’anéantir. La Kabylie est ainsi restée kabyle au fil des millénaires et pour toujours.

    Anticolonialiste et, malgré ses incessantes guerres et batailles avec la Régence turque d’Alger, la Kabylie s’était mobilisée seule contre le débarquement français à Sidi-Fredj, en 1830, avant de se battre de toutes ses forces à partir des années 1850 contre son annexion à l’Algérie. Elle refuse toujours sa mise sous tutelle étrangère.

    Malgré sa défaite militaire lors de la bataille historique d’Icerriden en 1857, la Kabylie se révolta de nouveau contre cette annexion, au printemps 1871, sous la conduite d’Ameqran et de Ccix Aheddad. Plus de 250.000 hommes furent mobilisés mais la supériorité technologique et militaire française eut raison de cette insurrection.

    En dépit du traumatisme engendré par la défaite de 1871, la Kabylie n’a jamais accepté son statut de colonisée. Après avoir reconstruit ses structures, elle créa l’Etoile Nord-Africaine (ENA)[i] en 1926, pour repartir à la reconquête de sa liberté.

    A ce moment, elle croyait que la solution pour le recouvrement de sa souveraineté était dans des alliances, autour d’elle, contre l’occupation française. C’est en projetant sa propre libération qu’elle a initié le combat pour la décolonisation à l’échelle nord-africaine. L’orientation anti-kabyle de l’ENA (devenue PPA[ii] puis MTLD[iii]), l’avait mise sur une fausse voie que la guerre 1954-1962 a transformée en un nouveau piège colonial. En s’investissant dans la libération d’un autre territoire que le sien, elle s’est retrouvée sous la domination du pays pour la libération duquel elle venait de payer le prix le plus fort.

    La Kabylie qui s’en était rendue compte dès la guerre de 1963-1965, n’était pas armée contre les nouvelles idéologies que sont le nationalisme algérien et le pan-amazighisme nord-africain.

    Au lieu de se définir à partir d’elle-même, elle continuait à le faire à partir de son environnement géopolitique dont elle ne serait que partie négligeable : C’est ainsi qu’elle s’était crue berbère et algérienne quand bien même l’Algérie se définit toujours comme exclusivement « arabe ». Il a fallu deux générations de Kabyles à s’échiner pour faire concilier l’amazighité avec l’arabité avant d’y renoncer. Ils constatent avec dépit que l’Algérie ne peut accepter l’existence d’une entité rivale de l’arabité. Pour que vive l’Algérie, la Kabylie est condamnée à mourir. C’est là une évidence que les élites kabyles ont mis longtemps à saisir et à admettre. Pour arriver à cette prise de conscience, il a fallu épuiser deux de ses rêves chimériques les plus tenaces : celui d’une Algérie « fraternelle, démocratique et plurielle », et celui d’une « nation et d’une langue amazighes ».

    D’une part, les deux principaux partis politiques kabyles, qui en étaient prisonniers, ont commencé à déchanter dès 1989. Ils n’ont jamais pu fédérer autour d’eux, en dehors de la Kabylie. Les différentes élections ont clairement montré leurs limites territoriales circonscrites à la Kabylie et anéanti les ambitions de leurs dirigeants à avoir un « destin national ». Insérés dans le jeu politique algérien, ils sont broyés et digérés par l’Algérie, puis rejetés par la Kabylie qu’ils n’ont pas eu le courage d’assumer.

    D’autre part, le rêve de constituer un ensemble politique nord-africain homogène, legs de la crise, dite berbériste, de 1949, repris par l’Académie Berbère de 1966 à 1976, il a été porté pendant plus de vingt ans par le MCB[iv].Ce dernier n’a pas survécu à l’usure du temps et sa fin de mission est actée par l’émergence aussi fulgurante qu’éphémère des Archs[1] qui avaient, au bout de trois ans, balayé toutes les structures militantes kabyles existantes jusque-là.

    La révolte du Printemps noir de 2001 à 2003 est le point de bascule de l’histoire de la Kabylie, un moment révolutionnaire dans lequel un nouveau monde prenait place sur les ruines des idées qui avaient fait leur temps. En tirant avec des armes de guerre sur de jeunes et pacifiques manifestants kabyles, le pouvoir colonial algérien venait de montrer une nouvelle fois sa véritable nature vis-à-vis du peuple kabyle. L’assassinat d’un jeune lycéen par un gendarme algérien, le 18 avril 2001,fut considéré comme la provocation de trop après l’assassinat, trois ans auparavant, le 25 juin 1998, de Matoub Lounès. Ces événements donnèrent lieu à des manifestations gigantesques et pacifiques entre 2001 et 2003. Ils se sont soldés par au moins 128 jeunes assassinés, des milliers de blessés et des centaines de handicapés à vie. En n’ayant pas pu, su ou voulu se solidariser avec la Kabylie, l’Algérie venait de démontrer qu’elle n’était pas une nation et que, du moins, les Kabyles traités en ennemis, n’en faisaient pas partie.

    Avec la déclaration du 05 juin 2001[v] revendiquant un avenir propre à la Kabylie, la Plateforme d’El-Kseur portée par l’historique marche de plus de deux millions de Kabyles à Alger le 14 juin 2001, la Kabylie tourne le dos à ses illusions algérianistes et pan-amazighes. Désormais, elle reprend son destin en main et s’engage sur le chemin de sa liberté en s’appuyant sur le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK)[vi], devenu depuis 2013 le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie. L’espoir est de nouveau permis quelles qu’en soient les difficultés et les épreuves. L’apparition du MAK a fait naître de nouvelles solutions parmi lesquelles le droit à l’autodétermination et l’indépendance du peuple kabyle est plébiscité.

    Désormais, toute autre solution est en totale contradiction avec la construction d’un Etat kabyle moderne et souverain. Ceci est d’autant plus évident que la répression dont fait l’objet le peuple kabyle depuis 1963 a toujours porté celui-ci à vouloir s’émanciper d’une Algérie qui l’opprime et le rejette.

    En 2021, l’oppression atteint son apogée avec la mise en œuvre d’un plan génocidaire dit opération « Zéro Kabyle »[2]. Ce plan officialisé en août 2019 s’est concrétisé par des arrestations des élites kabyles, la confiscation de moyens de lutte contre la pandémie du Coronavirus et les gigantesques incendies déclenchés à partir du 09 août 2021 par les militaires algériens. Ces incendies criminels ont engendré plus de 500 morts et un écocide offrant un paysage de désolation sur tout le territoire de la Kabylie.

    La volonté d’indépendance de la Kabylie a franchi le point de non-retour, notamment avec le boycott et le rejet des élections présidentielles du 12 décembre 2019, du référendum pour la révision de la constitution du 01 novembre 2020, des élections législatives du 12 juin 2021 et des élections locales du 27 novembre 2021.

    L’indépendance de la Kabylie permet de sécuriser son peuple de toute domination étrangère, de l’aliénation linguistique et culturelle, du racisme et de l’intolérance dont il est victime depuis 1857. Elle ouvre la voie à son développement économique avec la libération de l’initiative privée et la prise en charge des domaines de souveraineté et des services publics par l’Etat.

    L’instruction et l’investissement dans l’humain, le savoir, la recherche fondamentale et l’innovation technologique assurent le rayonnement de la Kabylie sur la scène internationale. La liberté de la presse et la séparation des pouvoirs, entre-autres, contribuent à la consolidation de l’État de droit ainsi qu’à la diffusion et l’enracinement de la démocratie. Elle nourrit une culture de paix, de justice et de liberté sur son territoire et autour d’elle.

    La Kabylie indépendante participe à la sécurité et à la stabilité régionales, l’intégration économique aussi bien du Bassin Méditerranéen que de l’ensemble nord-africain. Elle combat le terrorisme, conformément à ses valeurs, dans le cadre du droit international et dans le strict respect des droits humains et de l’ensemble des conventions internationales qu’elle a ratifiées.

    Elle œuvre à réintégrer tous ses territoires historiques dans le cadre du droit international.

    Nous réaffirmons avec force et détermination, notre désir de vivre en paix, libres et indépendants, ainsi que de coopérer dans l’amitié et la fraternité avec tous les peuples du monde.

    Considérant tout ce qui précède, Nous, Peuple Kabyle, adoptons et proclamons la présente Constitution.

    [1] Tribu =Ensemble ou conglomérat de Tijemmuyaε

    [2] Réunion tenue publiquement sous la protection de la gendarmerie algérienne en Aout 2019 à Mostaganem dans l’ouest algérien, baptisée « opération « Zéro Kabyle »

    [i] Etoile Nord-Africaine (ENA) = association fondée en France en 1926 par un noyau de travailleurs immigrés majoritairement kabyles

    [ii] Parti du Peuple Algérien = Parti nationaliste fondé le 11 mars 1937 par Messali Hadj peu après la dissolution de l’Étoile nord-africaine

    [iii] Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques = fondé en octobre 1946 pour les élections à l’Assemblée nationale française.

    [iv] Mouvement Culturel Berbère ou MCB = Organisation de masse née en Kabylie. Elle a milité pour la reconnaissance officielle de l’identité amazighe avec toutes ses dimensions en Afrique du Nord, et principalement en Algérie.

    [v] Voir Annexe

    [vi] MAK = Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie fondé en 2001 devenu Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie en 2013.

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